Corse - Isolella à Port Saint Louis
Dimanche 5 Mai au Mardi 7 Mai - Isolella à Port Saint Louis
Nous nous quitterons le lendemain, certains regagneront la métropole par les airs, pour notre petite famille ce sera par la mer. Départ juste avant un grains avalant la baie d'Ajaccio, en se détournant d'un Ferry et en regardant s'éloigner peu à peu les Sanguinaires.
C'est avec un bon rythme que nous avançons dans la journée, en début de soirée le vent tombe, mise en route du moteur... impossible : plus d'électricité, une avarie de chargeur, nous passons alors en mode minimum arrêt du PC, du pilote, de l'éclairage. Nous voici à bouchonner au milieu de la méditerranée. Un Ferry s'approche volontairement de notre embarcation et nous éclaire avec un projecteur, contact à la VHF portable, le capitaine du ferry s'inquiète de nous voire à l'arrêt sans feu. Nous lui expliquons que nous sommes en avarie électrique et que nous attendons le vent, choses normale pour un voilier. Il nous propose de relayer un appel au cross que nous refusons, nous ne sommes pas en danger et depuis des lustres les voiliers avancent avec le vent... et attende quand c'est pétole. En deuxième partie de nuit, nous voyons approcher à allure réduite deux énormes ferry, le 1° passe à un quart de mile sans répondre à la VHF, le second est plus menaçant il s'approche dangereusement, appel VHF, éclairage des voiles à la torche... pas de réaction, nous ne sommes pas manœuvrant... un gros projecteur s'allume nous sommes repérés, suivi enfin d'une réponse à la VHF sur un ton limite poli, remontrance sur notre absence de feu, à croire que nous l'avons fait exprès. Le capitaine répond d'un ton cordial expliquant notre situation, fin de la vacation. Il ruminera le reste de la nuit cette attitude indigne des gens de mer !!!
Au matin, remise en état de la connectique du chargeur. Il faut maintenant attendre que le soleil donne pour recharger suffisamment la batterie avec le panneau solaire. C'est chose faite en milieu de matinée, le moteur démarre et le chargeur charge. Le baume au cœur revient pour tout l'équipage mais nous passerons beaucoup de temps au moteur, le vent nous ayant laissé tomber. Nous finirons par atteindre la côte au terme d'une deuxième nuit. Mais nous ne savions pas encore ce qui nous attendait. Le port était encore loin avec un coup de vent qui nous a cueilli au large de Marseille. Les 45 nds de vent réel affichés à l'anémomètre clouent l'ensemble de l'équipage dans le carré et préparer un repas devient présomptueux. Nous ferons avec ce qui nous tombe sous la main et cela peut donner des choses inattendues. Les heures s'égrainent lentement et il nous faut nous rendre à l'évidence, nous n'arriverons pas à temps au port pour gruter le bateau. Ce qui a pour conséquence une discussion fort animée, car l'un de nous, ou les deux ? ne pourra rentrer à temps pour reprendre le travail et l'école. En arrivant à Fos, il nous faut rentrer les voiles après avoir sillonné entre les cargos pour aborder le plus sereinement possible une arrivée au port. Nous arrivons à accoster après avoir fait déplacer un bateau. Et apprenons que le port n'a sorti aucun bateau de l'eau pour cause de grands vents. Alors ce sera soirée pizza achetées dans un camion.
Le lendemain, un peu de rangement et le départ vers Avignon d'où nous rentrerons en TGV pendant que Jean-Luc attendra le mercredi 9 mai pour faire sortir le bateau et prendre la route seul vers la maison. Ce sera des vacances qui n'auront pas forcément finies comme nous l'avions prévues !
Le capitaine à son retour indique que le moteur l'a laissé tombé durant les manœuvres de sortie de l'eau, c'est encore un peu flou, mais les conséquences ne manqueront pas, peu à peu d'aligner des milliers d'euros dans nos têtes.
Deux motoristes viendront constater les dégâts, livreront des diagnostics différents et enverront leur devis. C'est au cours de longues discussions téléphoniques que le choix finira par se faire : le moteur sera changé par un équivalent neuf pour début juillet, nous allégeant au passage grandement de notre réserve pour le départ. L'expert avait bien révélé une faiblesse : le moteur, mais nous avions sans doute imaginé passé au travers. Au final, c'est aussi une décision de sécurité et nous évitera sans doute d'autres malheurs lors des découvertes de contrées lointaines.
De déconvenues en déconvenues, le motoriste annonce en mai que le moteur ne sera pas prêt pour le 15 juillet mais plutôt pour fin août, annulant d'un coup de téléphone nos vacances familiales et balayant nos rêves de convoyage en famille.
Je prendrai donc des vacances avec mes enfants et pendant 15 jours seulement, laissant disponible une semaine, semaine prise avec le capitaine qui a conservé toutes ses vacances d'été pour le convoyage.
La date est arrêtée à la dernière semaine de septembre.