Vendredi 19 juin 2009,
Le jour se lève sur notre dernière journée ?
La mer est toujours agitée, les nuages toujours aussi bas, pas terrible comme arrivée, l'eau a également changer de couleur pour prendre des nuances de vert, fini la belle bleue !! Au moins, nous avons bien marché, si ces conditions se maintiennent nous arriverons peut-être avant la nuit.
Comme nous avons fait une route plutôt Nord pour éviter l'anticyclone et la pétole dans le sud du Golf, nous sommes idéalement placés pour prendre ce flux de Nord Est. Et comme nous arrivons pratiquement plein Ouest, je vais enfin voir cet endroit particulier. Un endroit redouté par les anciens, à fleur d'eau comme une grosse bête, fracassant les imprudents qui l'approchent par gros temps, régalant les amateurs de pêche venus jusqu'ici par beau temps. A une quarantaine de miles dans l'ouest de l'île de ré, depuis toutes ces années à naviguer dans ce coin jamais je ne l'avais vu !! Et toujours je l'ai entendu, ce nom qui a donné son nom à notre zone de navigation, ce nom que tout le monde peut entendre lors de la diffusion des bulletins météo : Rochebonne !!
Le plateau de Rochebonne, large plateau rocheux avec ces pointes affleurantes. Il approche, la mer est formée, mais le plateau parfaitement signalé sur nos cartes est bien balisé... là une bouée, là-bas une autre. Nous allons passer au sud de... rien, il n'y a rien à voir hormi ces bouées !! Pas d'écume, pas de bruit de déferlante, pas de vague plus grosse !! Une fois passée la dernière bouée, circulez il n'y à rien à voir !!! C'est donc ça qui rendait ce plateau dangereux, on ne le voit pas, pourtant il remonte à quelques mètres, passer au travers avec un gros navire tient de la roulette russe.
Comme un signal la dernière bouée marque le lever de cette masse nuageuse, le vent faibli légèrement, la mer se calme, à ce train là nous arriverons seulement demain à l'aube, mais le ciel se dégage, le soleil va réchauffer nos corps et nos coeurs pour ces dernières heures.
Quelques fois, bien avant de voir quoi que ce soit, alors que seul l'océan nous entoure comme ce matin, des odeurs la terre, de forêt, portées vers le large par le vent. Imaginez l'euphorie que cela devait déclencher lors des expéditions lointaines dans des contrées inconnues !! Pour nous un petit moment de plaisir, nous approchons, nous rentrons, nous y serons bientôt.
Le Soleil s'installe, le vent reprend un peu plus de mordant dans le Nord, protégé par le continent toujours invisible mais maintenant tout proche, la mer c'est calmée le vent nous pousse ... des conditions idéales... nous arriverons dans la soirée... double ration de jus pour celui qui découvrira la terre...
Profiter encore !!, les dernières vagues, les dernières risées de vent, les dernières pointes de vitesse, les derniers miles de notre périple...
Terre, terre !! Là au loin à peine visible à l'œil nu, déjà clair aux jumelles, le phare des Baleines, un château d'eau, un clocher, c'est l'île de Ré. C'est le capitaine qui aura double ration de jus.
Il est temps de penser à l'arrivée, récupérer les photos de Joël et Jean-Michel, je m'installe dans le carré, il y a beaucoup de photos et l'ordinateur n'est pas rapide mais nous avons le temps.
Un bourdonnement !! Un moteur !! Vite sur le pont où est la bateau de pêche ?? Juste derrière nous a peine à 20 mètres mais ce n'est pas un pécheur, c'est les douanes Françaises !! Equipés d'une vedette surgissant, ils sont apparus de nulle part, attentifs à des largages de colis illicites. En un éclair tout l'équipage est dans le cockpit, nous sommes content de les voir, les lignes de pêche sont vite rentrées. Ils approchent à notre hauteur, un officier sur le balcon avant nous interroge, sur le bateau, mon nom, suis-je le propriétaire ? Où allons nous ? D'où arrivons nous ? Combien de personne sà bord ? Ils restent un moment à notre hauteur, le temps de faire des vérifications. Au bout de quelque stemps, ils accélèrent et partent devant nous. Fin du contrôle ? Non, ils ont pris de l'avance pour mettre leur annexe à l'eau et nous rendre une petite visite. Le génois est vite enroulé, réduisant la voilure pour faciliter la manoeuvre d'accostage. La mer est belle pour nous qui arrivons du large mais tout de même pas totalement plate !! L'opération se déroule bien, nous voici avec deux douaniers à bord, contrôle des papiers du bateau, des passeports de l'équipage et particulièrement de nos deux matelots sont-ils bien en situation régulière ?? Demande pour consulter le livre de bord... pour nous c'est l'ordinateur qui enregistre notre route, la vitesse, le vent. Contrôle de notre parcours, la discussion est conviviale mais les questions précises. Avez-vous quelque chose à déclarer, des achats à St Martin ? A part l'antenne radio changée là-bas et les 2 cartouches de cigarette largement entamées de Joël nous n'avons rien à déclarer. Visite du bateau, et plus particulièrement des cabines de nos matelots contrôle sérieux de leurs bagages. Fin de discussion dans le cockpit puis débarquement. Ils nous attendaient, prévenu par l'avion qui nous a survolé hier. Nous arrivons sur une frontière de la zone Schengen, il n'y a plus de frontière entre les pays de l'Europe mais le contrôle à l'entrée est une choses sérieuse !!
Nous entrons entre les deux îles, le pertuis défile rapidement, nous arriverons dans la soirée, Nous sommes maintenant à portée de GSM, Jean-Michel rassure Do et organise sa récupération. Joël tente d'appeler sa sœur, j'appelle Isabelle, douce voie à mes oreilles, elle prendra la route dans la soirée pour nous retrouver dans la nuit, le reste de la famille demain matin après quelques heures de retrouvaille à cinq !!
Plus nous approchons plus il y a de bateaux !! L'abeille Languedoc est à quai à La Palice, nous tirons un petit bord pour aller la saluer. Une régate de petit cata nous accueille devant la plage des minimes. Arrivée à La Rochelle c'est forcement passer entres les deux tours, nous poussons donc jusqu'au vieux port, c'est toujours aussi beau et impressionnant. Retour au port de plaisance, par le hasard des mouvements de bateau, nous nous retrouvons à la nuit sur le même ponton qu'il y a presque un an, la nuit est tombée, les amarres assurées, le bateau au calme, la boucle est bouclée...