Bonjour,

Nous sommes déjà mercredi !! C'est donc avec un peu de retard que je reprends le fil des événements.

Donc dimanche, non d'abord la fin de la nuit de samedi à dimanche, nous avons maintenu le spi jusqu'à 3h20 avec quelques pointes à plus de 10 nœuds, pour la seconde partie de nuit sachant que le vent allait encore augmenter, nous changeons le spi pour le génois (voile d'avant blanche triangulaire) avec toujours un ris dans la grand voile. Isabelle va dormir. Vers 4h30 la machine s'emballe et dans une survente le pilote ne parvient pas à maintenir le cap... nous sommes mal équilibré, la grand voile à l'arrière du centre de rotation pousse le nez du bateau vers le vent sans rien pouvoir faire, la barre à fond n'a plus d'effet pour le ramener sur la bonne route. Trop de grand voile... à la manœuvre pour prendre un deuxième ris (système de diminution de la surface de grand voile). C'est mieux, mais le vent rentre encore et de nouveau le bateau vire vers le vent dans les surventes !! Il fait nuit la fatigue est là... je ne prends pas le 3° ris... je descends complètement la grand voile, laisse le génois et relève les dérives, pour le coup nous n'avons pas perdu en vitesse mais le bateau s'équilibre tout seul. Les surventes sont prises sur la voile d'avant et pousse le nez du bateau dans le bon sens. Les quelques rafales à plus de trente noeuds du reste de la nuit seront vécues beaucoup plus sereinement.

La journée de dimanche va passer comme ça sous génois seul.

Nous avons entendu hier, des concurrents de la Transquadra  discuter. En fait nous n'avions que la moitié de la conversation, un des deux étant hors de portée de notre position. Il faut savoir que le système radio émetteur que nous avons à bord ‘La VHF' ne porte qu'à quelques miles, c'est surtout lié à la hauteur des antennes, entre bateau c'est de l'ordre de 15/20 miles nautique.

Donc ce participant, appelle de nouveau... mais il a lui aussi distancé ses collègues et ne les reçoit plus. Je l'appelle, pour prendre des nouvelles de cette course partie dimanche dernier de St Nazaire. Pierre en solitaire sur ‘Air du Nord' me répond. Cela regroupe tout l'équipage autour de la radio pour écouter des infos d'un bateau sur la même zone que nous... c'est magique d'un coup on se sent moins seul. Le golf a été un moment éprouvant, il a pris le coup de vent de lundi comme nous sauf que nous étions plus au sud donc moins exposés et que nous avons été nous planquer à Santender. Il a également pris le coup de vent  que nous avons laissé passer en nous réfugiant à Carino. Résultat une grande voile explosée en trois parties et une escale forcée à La Corogne pour une nouvelle Grande voile. Cela explique pourquoi il est encore là. Bavard comme moi, nous discutons longuement sans doute pour tromper sa solitude, des conditions de marche de nos bateaux respectifs, des prévisions météo et un peu de nos familles, il a également trois enfants qui l'attendent à Madère et un site que nous irons voir dès que possible ‘www.airdunord.eu'. En tout cas dans ce moment où le doute nous envahit sur ce que nous sommes venus faire dans cette galère, c'est super d'entendre d'un marin expérimenté, que nous allons vivre une superbe aventure. Nous convenons ensemble que rien n'est gratuit dans ce monde et que c'est en se dépassant que l'on peut vivre des choses fortes et profondes !!!  Nous sommes aussi d'accord sur cette réalité de la contradiction du marin : à terre on ne pense qu'à partir, en mer qu'à arriver, le vent faible nous donne des envies de vent plus fort et celui-ci nous donne envie de vent plus modéré.

Une voile arrive sur l'arrière au loin, appel VHF c'est Pierre qui nous demande si c'est bien nous qu'il voit devant et propose de se rapprocher pour faire une séance photo. Il passera à une centaine de mètres de notre arrière nous laissant le temps de jolis clichés au portant par 25 noeuds de vent. Nous convenons de nous les échanger à Madère. Il file vers la côte pour toucher plus de vent alors que dans notre mode familial, nous obliquons un peu plus à l'Ouest pour avoir moins de pression et passer les rails de cargo de jour.

La nuit arrive fraîche et ventée, nous avons encore un rail de cargo montant à passer, je pars me coucher et Isabelle se débrouillera comme un chef avec tout de même quelques angoisses au ventre, qu'ils sont gros et que nous sommes petits...

Nous sommes maintenant au large du Portugal au dessous de Porto.