Dimanche 16 Novembre 2008
Valérie nous a indiqué que la messe se tenait à 9 heures dans l'église du village (nous sommes dans une région du Sénégal essentiellement catholique). Nous nous rendons donc à l'église, bientôt rejoints par Valérie et Fabienne (du bateau Trois Epices). Que de couleurs, les tenues du dimanche sont de sortie, les femmes portent toutes des bijoux.
Autour de l'église, chacun patiente en attendant que les cloches soient sonnées et que le prêtre ait trouvé deux enfants de chœur qu'il recherche parmi ces ouailles. Bientôt nous pénétrons dans l'église, les femmes et les enfants à gauche, les hommes à droite et devant se tient la chorale. Pas moins d'une quarantaine de jeunes hommes et femmes, conduite par une chef de chœur ouvre la messe de leurs voix enchanteresses et accompagnées de percussion ! Quel bonheur pour nos oreilles ! Cela vibre à l'intérieur chaque fois qu'ils se mettent à chanter, ils se balancent tranquillement de gauche à droite à l'unisson. Il est difficile de les accompagner, les paroles nous sont incompréhensibles. Le prêtre indique qu'il fait son homélie en français pour que tout le monde puisse comprendre, et il reprend de manière plus rapide en diola.
Mathilde me confie qu'elle aimerait bien que la messe soit ça comme chez nous ! Derrière nous, Dorothée tête avidement le sein de sa Maman. Un enfant passe avec une corbeille pour la quête et ce n'est pas pour y déposer des pièces qu'il prendra dans sa main mais pour y recevoir du riz ! Nous quittons l'église alors que la chorale prolonge par une répétition.
Nous prolongeons cette immersion dans le village à la recherche de paniers dans le quartier Boubac. Ceci nous donne l'occasion de découvrir d'autres maisons, d'autres cours mais nous ne trouvons pas de paniers. Les femmes qui les font ne sont pas là. Nous rencontrons Anouk, une française, ex voileuse, installée au village depuis quelques années qui nous propose de repasser cet après-midi pour les trouver présentes. Dans ce quartier, pas moins de huit maisons sont en construction. Ici c'est méthode traditionnelle : de la terre argileuse et de l'eau. Ce qui mobilise l'ensemble du quartier pour préparer et surtout aller chercher de l'eau. Ces grandes battisses avec 8 à 10 pièces, tiennent jusqu'à une trentaine d'année, elles sont refaites en principe tout les 10/20 ans, avec la terre de l'ancienne maison.
Nous repartons déjeuner sur le bateau. Nous hésitons à autoriser Mathilde à se baigner car elle a une plaie au genou qui a du mal à se refermer. Puis la chaleur aidant et les sollicitations de Mathilde, nous autorisons tout le monde à se baigner. Nous mettons un bout à l'arrière avec une défense qui leur permet de se retenir sinon elles seraient vite entraînées dans le courant. Ce sont des hurlements d'Hélène qui nous tire de notre torpeur, elle est tétanisée dans l'eau et crie que «ça brûle ». Je saute du cockpit, tire sur le bout pour sortir tout le monde de l'eau y compris Mathilde qui ne comprend pas mon empressement et pense que je la gronde. Hélène vient de subir le contact d'une méduse : elle est brûlée au visage sur une petite partie et à l'épaule de manière un peu plus importante. Les parties touchées commencent à enfler. Les cris d'Hélène ont inquiété tout le monde et Alain du bateau Ysé vient voir ce qu'il se passe. Aussitôt, nous appliquons la méthode que le Dr Délire nous a enseignée lors de notre formation « gestes médicaux en situation d'isolement ». Jean-Luc racle les parties touchées avec sa carte d'identité, éliminant ainsi tous les petits picots venimeux, la douche puis l'arrose de citron. La méthode s'avère très efficace, en fin d'après midi, il n'y paraîtra plus rien. Par contre, les filles se promettent de ne plus retourner dans l'eau ! Valérie accompagnée de Khézia, son fils, vient visiter le bateau et partageons un verre. La pirogue arrive de Ziguinchor avec Anne à son bord. Nous la récupérons et repartons dans le village, à la recherche de paniers. Nous retrouvons Anouk qui est dans une cour avec toutes les femmes pour un pot de remerciement offert par le propriétaire de la maison en cours, elles sont toutes parties à 3 heures du matin pour aller cherche de l'eau servant à imbiber la terre de construction. Jus et alcool locaux divers pour tous, bien sur on nous invite de suite à prendre place parmi les femmes.
Mathilde épate encore la galerie et une femme craque pour cette petite tête blonde et me demande de la lui laisser, mais Mathilde n'est pas du tout d'accord. Nous nous arrêtons dans plusieurs maisons et trouvons des paniers, des chapeaux, du som-som (lire soum soum - alcool de vin de palme). Nous quittons le quartier Boubac les bras chargés.